Book VS TV Show - You de Caroline Kepnes



Après une lecture du livre de Caroline Kepnes et un matage (oui ce mot existe) de la série du même nom 'You' je vous propose un combat violent entre les deux oeuvres. Qui va l'emporter ? Suspense intense ...

Disclaimer : je n'ai lu que le tome 1 donc j'ignore si la série spoile le second livre 'Hidden Boddies' donc ce que je raconte concerne uniquement ma lecture de 'You'. 


ATTENTION POTENTIELS SPOILERS ! 


Joe Goldberg

Dans le livre
Le roman est entièrement écris du point de vue de Joe. Impossible donc de savoir s'il est réellement objectif et s'il n'exagère pas ce qui se passe autour de lui. On sait d'entrée de jeu que c'est un sociopathe. Mais sa condition de stalker n'est JAMAIS romantisé : sa pensée et ses actions traduisent toujours l'horrible personnage qu'il est, effrayant mais incroyablement ... drôle. Joe m'a fait hurler de rire plus d'une fois, car en étant totalement déconnecté de la réalité il a des analyses sarcastiques sur absolument tout ce qui l'entour.

Dans la série
Joe est assez similaire à son jumeau littéraire. Le principe de la "voix off" (c'est à dire que Joe nous raconte ce qu'il pense par une voix qui parle par dessus l'action qui se déroule) joue assez bien le rôle de la plongée dans la tête du personnage. Mieux encore, on s'attache à lui et on a "peur" qu'il se fasse prendre, ce qui retourne un peu la tête hein ? La série est peut être plus subtile, et moins catégorique sur le fait que Joe est un danger, ce qui rend probablement le côté thriller psychologique encore plus prégnant.

Résultat : C'est très serré. Le livre l'emporte de très peu car il est bourré de références et m'a fait plus rire que la série.


Guinevere Beck

Dans le livre
Le talent de Caroline Knepes dans la construction de son roman réside dans le fait que petit à petit, nous découvrons que Beck n'est pas la jeune fille parfaite, innocente, douce et sensible que s'imagine Joe. On découvre qu'elle est en fait une dangereuse manipulatrice avec un besoin constant de séduire et de vivre de nouvelles histoires avec des hommes pour se sentir vivante. Pire encore, elle trouve de la satisfaction à les détruire totalement avant de les laisser tomber. Et finalement, entre Joe et Peach, on découvre que c'est peut être elle qui les contrôlait depuis le départ...

Dans la série
Comme Beck n'est pas décrite par le point de vue de Joe et qu'elle agit devant le spectateur sans le prisme tronqué de Joe, on a plus de mal à voir cette déconstruction progressive que Joe est obligé de faire. Dès l'instant où ils se séparent, la série prend le choix de se plonger dans le quotidien de Beck, de voir ce qu'elle devient quand Joe n'est pas là. C'est une fille banale, qui aurait pu apparaître dans la série Girls. Elle n'est pas idiote, ni désagréable, et j'ai trouvé que sa construction de personnage plus "féministe" que dans le livre.

Résultat : La série. J'avais beaucoup moins envie de la noyer donc on peut dire que c'est une réussite.

Peach Salinger 

Dans le livre
Nemesis de Joe, Peach Salinger est un personnage qui rend fou. J'ai adoré la détester, car c'est un génie du mal qui a huit longueurs d'avance sur Joe en matière de manipulation et de mensonge. Il n'y a pas grand chose à dire, car son personnage est assez incroyablement bien écrit.

Dans la série
Shay Mitchell est assez incroyable dans son interprétation de l'horrible et démoniaque Peach. Dans sa façon d'être, ses regards, ses gestes, elle apporte le physique détestable et méprisant de Peach. Les différences entre le livre et la série dans son destin final ne sont pas terriblement gênantes, et les rares écarts concernant son personnage sont vraiment intelligents.

Résultat : Égalité !

Paco

Dans le livre
N'existe pas.

Dans la série 
Toute la storyline de Paco, le gentil voisin et sa maman (femme battue toxicomane) a été totalement ajouté à la série. Se sentant concerné par le destin de ce jeune garçon dans lequel il se reconnait, Joe lui apporte de la lecture et de réconfort. Cette storyline lui permet également de rencontrer Karen Minty qui, dans le livre, est une fille idiote random que Joe rencontre par hasard. Joe semble connecter avec d'autres humains, ressent de la pitié, s'inquiète, ce qui diffère légèrement de son jumeau littéraire.

Résultat : Le livre. Si cette histoire tente de donner un côté "humain" et prévenant à Joe, je ne suis pas fana. Je préfère le savoir totalement déconnecté et antisocial, mais c'est très subjectif.

La relation Joe/Beck

Dans le livre
Tordu, étrange, sexy, flippante, cette relation est clairement pas l'idéal et à 100% non recommandable. Le roman, du début à la fin, montre les hauts et les bas, mais ne doute jamais sur la toxicité, et le côté problématique de cette relation. Du point de vue complètement oblitéré de Joe jusqu'à la découverte de qui est vraiment Beck, leur sentiment et leur union est tronqué par pleins de facteurs psychologiques. Ils sont tous les deux dangereux l'un pour l'autre (bon Joe le plus quand même il est quand même sacrément à côté de ses pompes).

Dans la série
C'est beaucoup plus complexe à identifier dans la série. Au bout des épisodes 7 et 8, la relation prend un tournant ... normal ? Leur rupture, leur façon se remettre ensemble, la jalousie, le doute, les remords, tout ça démontre une normalité assez étrange. Joe compare même leur relation à une histoire de cinéma : la scène finale de l'épisode 8 (I Got Me Babe) est un énorme cliché romantique. Par ailleurs, si Karen n'était pas intervenue pour mettre en garde Beck, il est fort probable qu'elle n'aurait jamais tenté d'enquêter, et que leur histoire glisserait tranquillement comme une barque sur l'eau.

Résultat : Je suis assez gênée par la romantisation qui arrive en fin de série de leur relation. Je dirais donc le livre.

Joe et ses meurtres

Dans le livre
Quand Joe se débarrasse des "gens gênants", il le dit avec une banalité déconcertante. Le plus prégnant est le personnage de son ex, Candace. Encore une fois, Joe est un sociopathe, il n'a aucune émotion et ne voit pas de problèmes moraux à tuer.

Dans la série
On pourrait croire au début que Joe est le Dexter de l'amour (lol). Mais encore une fois, la fin de la série a fait du caca boudin : Joe culpabilise, a des visions, dit et répète qu'il n'est pas un tueur pour tenter de se convaincre. Sa culpabilité l'empêche de dormir, et il est hanté par les fantômes de ses victimes. On pourrait donc penser qu'il est sur la voie de la rédemption. C'est d'autant mieux jouer que jusqu'à l'épisode final, on pense que Joe redevient humain et est capable de changer.

Résultat : La série d'un petit poil.

Joe et ses relations

Dans le livre
Joe n'en a quasi-pas ou les rares sont vouées à l'échec. Il n'arrive même pas à s'entendre avec ses employés. Sa difficulté à socialiser explique probablement aussi pourquoi il se sent obliger d'être faux, constamment, avec tout le monde, et surtout avec lui-même. Par ailleurs, on ne sait d'ailleurs rien de son passé, de sa relation étrange avec Mooney dont il parle de temps en temps. Peut être qu'on en saura plus dans le tome 2, mais le premier tome est totalement silencieux sur son passé, son lien avec Mooney

Dans la série
On se rend compte petit à petit que Joe n'a peut être pas toujours été le stalker psycho qu'on veut bien nous laisser croire. Il est surtout déclenché par la jalousie, la peur de la solitude, et on le voit surtout dans l'épisode 9 (Candace). Je pense que c'est aussi dans le but de pouvoir faire une saison 2 et donc d'analyser peut être plus le personnage de Joe. J'ai aussi aimé que en sachions un peu plus sur Mister Mooney, dont nous avons quelques flashback avant de rencontrer en fin de saison. Il semble être un personnage important dans la vie de Joe et l'a probablement conditionné à être celui qu'il est aujourd'hui.

Résultat : La série. J'ai apprécié d'en savoir plus, surtout que Joe réussit avec brio à manipuler son passé pour rassurer Beck.

La construction du récit

Dans le livre
L'histoire se déroule sur un an (environ) et réussit à nous transporter dans un tourbillon rapide. On vit avec et par Joe, son besoin urgent d'avoir Beck et de contrôler sa vie.

Dans la série
J'ai trouvé le récit un peu bancale, et je n'ai réellement apprécié les choix fait en matière de longueurs sur certains aspects, et la rapidité étrange sur d'autres. Sur l'histoire de Candace et de Dr Nicky, je n'ai vraiment pas aimé comment la série bazardait tout le fantôme de Candace dans un seul épisode, et comment soudain, l'histoire du Dr Nicky prend une proportion énorme alors que le personnage semblait assez anecdotique. C'était un peu brouillon et maladroit, ce que j'ai trouvé un peu dommage car peu surprenant.

Résultat : Le livre, de très loin.

La résolution

Dans le livre
J'ai adoré la fin du livre car elle était à la fois folle et drôle ... Je ne veux pas en dévoiler car c'était absolument dingue, mais c'était vraiment une claque.

Dans la série
La scène de fin de l'épisode 9 et l'enchaînement qui s'en suit avec Joe, est vraiment bien faite. L'épisode final (Bluebeard's Castle) est totalement réussi par la performance de Penn Badgley qui nous offre une prestation assez sombre de Joe.  En parallèle, l'histoire de Paco et du détective rend la situation encore plus stressante, oppressante. La série met clairement en place la saison 2 dans ce final, et c'est réussi.

Résultat : Égalité. J'ai adoré les deux fins bien que très différentes.

Résultat final

La série est une bonne adaptation, d'autant que l'autrice Caroline Knepes est productrice exécutive donc on peut se douter qu'elle a eut son mot à dire sur les choix faits dans le show. Pourtant, je dois avouer que le gagnant de ce combat est le livre, qui m'a bien plus emballé car assez unique dans son genre et sa construction.




Le livre

 

Disponible en anglais et en français. 

La série 


Disponible sur la plateforme de vidéo en ligne Netflix.

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